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Fonds mondial de lutte contre le sida: où en est la recherche pour la lutte contre la maladie?

Oct 10, 2019

SANTÉ – Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a débute mercredi 9 octobre au soir à Lyon pour tenter ce jeudi de collecter 14 milliards de dollars. Un “défi” nécessaire pour venir à bout de ces épidémies d’ici à 2030.

À cette occasion, Le HuffPost s’est penché sur les avancées de la recherche autour du sida qui a touché 37,9 millions de personnes et tué 770.000 autres en 2018. Où en est-on dans la lutte contre la maladie? Quelles sont les solutions proposées aux malades et aux personnes dites ”à risques”?

Tout d’abord, rappelons qu’il existe plusieurs stades lorsque l’on est porteur du VIH et donc considéré comme séropositif. Lorsqu’il pénètre dans l’organisme, ce virus attaque le système immunitaire qui protège le corps contre les maladies et les infections. Il détruit certains éléments essentiels au système immunitaire tels que des globules blancs. Toutefois, être porteur du VIH ne veut pas forcément dire que l’on a le sida. En effet, le syndrome d’immunodéficience acquise est le stade le plus avancé de l’infection par le VIH. En l’absence de traitement, l’évolution est mortelle.

Les personnes les plus exposées au risque d’infection par le VIH sont “les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH), les migrants, les usagers de drogues, les personnes trans et les travailleurs du sexe”, liste Aurélien Beaucamp, président de l’association Aides, contacté par Le HuffPost.

Grâce à la recherche et à ses avancées en matières thérapeutiques et de dépistage, la France a enregistré en 2018 une baisse “significative” de 7% des nouveaux diagnostics de séropositivité. Cette baisse pourrait être “expliquée principalement” par l’efficacité des traitements antirétroviraux, qui empêchent la transmission du virus par les personnes séropositives, ainsi que par “l’impact de la PrEP”, traitement préventif destiné aux séronégatifs qui permet d’éviter tout risque d’infection par le VIH.

Aujourd’hui principalement utilisée par les hommes homosexuels, la PrEP est l’un des facteurs qui a permis la baisse de 16% des nouveaux diagnostics de séropositivité à Paris entre 2015 et 2018, annoncée en septembre. À l’heure actuelle, le seul médicament utilisé pour la Prep associe deux antirétroviraux contre le VIH: l’emtricitabine et le ténofovir disoproxil. Ce médicament est commercialisé sous la marque Truvada.

Il peut être pris en continu (une nécessité pour les femmes dont les muqueuses n’ont pas la même absorption que celles des hommes), ou à la demande avant et après chaque rapport à risque, comme nous l’expliquait notamment l’un des premiers Français à y avoir recours (voir la vidéo ci-dessous).

Les recherches se poursuivent afin d’identifier de nouvelles molécules ainsi que d’autres modes d’administration tels que:

  • L’implant à “action prolongée”. Le premier essai chez l’homme, qualifié par l’IAS de “préliminaire mais prometteur”, a établi après 12 semaines d’utilisation qu’il était bien toléré et qu’il délivrait la dose prévue de PrEP. Selon son auteur, chercheur pour le laboratoire américain Merck & Co, l’implant pourrait continuer à diffuser une dose suffisante pendant “au moins un an”. De nouvelles études devront être réalisées pour montrer si cet implant offre bien le même niveau de protection contre le VIH que la prise orale de médicament.
  • L’anneau vaginal. La conférence scientifique sur le sida qui s’est déroulée en juillet à Mexico a été l’occasion de confirmer l’acceptation et l’efficacité de la PrEP par anneau intravaginal qui diffuse un médicament antirétroviral, le dapivirine, pendant un mois.
  • Enfin, si elle n’est pas pour demain, la perspective d’un vaccin progresse aussi. Un essai clinique de phase II mené au Kenya, au Rwanda et aux États-Unis a montré la bonne tolérance d’un de ces candidats-vaccins, développé par Janssen (groupe Johnson & Johnson). Cela ouvre la voie à un essai de phase III, portant cette fois sur son efficacité.

À noter qu’en cas d’exposition d’une personne séronégative au VIH sans avoir pris de PrEP, le TPE, traitement poste exposition, permet de diminuer le risque de contamination. Il se compose de plusieurs médicaments actifs contre le VIH et il doit être pris immédiatement et pendant 28 jours.

Et pour les séropositifs?

Les antirétrovirus contenus dans la PrEP sont également utilisés par les personnes séropositives pour bloquer l’avancée du VIH dans leur organisme et éviter la transmission à d’autres personnes. Ils sont contraints de suivre une trithérapie toute leur vie, un traitement lourd et onéreux. Ainsi, de nombreux projets cherchent aussi à alléger le quotidien des patients séropositifs et à réduire le coût de leur traitement tout en maintenant le virus en sommeil.

– Les injections d’antirétroviraux devraient ainsi permettre dès 2020 de remplacer les comprimés quotidiens par une piqûre toutes les semaines.

– Une autre piste présentée à l’IAS consiste à ne pas prendre la trithérapie tous les jours, mais un jour sur deux, voire moins. L’étude française Quatuor menée par l’Agence nationale de recherche contre le sida (ANRS) conclut ainsi que la prise de comprimés quatre jours sur sept permet de conserver le même niveau d’efficacité.

– La réduction de la “charge médicamenteuse” des personnes porteuses du VIH pourrait aussi passer par le passage à deux molécules (bithérapie) plutôt que trois, selon deux études également présentées mercredi.

Des pistes pour une guérison du VIH?

À ce jour, aucun traitement a été trouvé pour éradiquer le VIH. Un individu porteur le reste (à noter toutefois que, pour une raison encore inconnue, 5% des patients qui sont infectés par le VIH ne développent pas le sida). Cependant, il existe deux exceptions; le “patient de Berlin” et le “patient de Londres” sont deux individus porteurs du virus du VIH qui se sont retrouvés durablement guéris. Ces deux individus ont reçu le même traitement, une transplantation de moelle osseuse avec une mutation génétique rare qui empêche le virus de s’installer. Reste à savoir si la guérison s’avère sur du très long terme, pour un traitement très lourd, dangereux et douloureux…

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