Le coronavirus qui sévit en Chine depuis le mois de décembre a déjà fait plusieurs centaines de morts. Le virus inquiète et rappelle celui du Sras en 2003.
Un vent de panique souffle sur l’intégralité du globe du fait de l’épidémie de coronavirus, apparu en chine en décembre dernier. 425 patients sont morts sur 20.000 cas confirmés dans l’Empire du Milieu, selon le dernier bilan communiqué lundi 3 février 2020. Mais une étude parue vendredi 31 janvier dans la revue médicale The Lancet évalue à 76.000 le nombre de personnes infectées rien qu’à Wuhan, berceau de l’épidémie, en se basant sur des projections statistiques.
La piste d’un virus provenant des chauve-souris, évoquée par les chercheurs depuis le début de l’épidémie, semble se confirmer. Selon une étude publiée ce lundi dans Nature, le génome du virus prélevé sur cinq malades gravement touchés, qui travaillaient sur le marché de Wuhan où sont apparus les premiers cas, est “identique à 96%” à celui d’un coronavirus qui circule chez les chauve-souris. En revanche, on ne sait toujours pas quel animal l’a transmis à l’homme.
Ce type de virus peut déclencher des maladies bénignes chez l’homme, mais aussi des cas bien plus graves comme le Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) qui avait tué en 2002-2003 près de 800 personnes dans le monde, et provenait de Chine.
Quels sont les symptômes ?
La Commission municipale de l’hygiène et de la santé de Wuhan a déclaré sur son site internet que dans sa forme la plus précoce, “la maladie se manifeste par de la fièvre et une toux persistante. Elle est d’une forme légère mais durable, et risque en même temps de prendre une forme grave (insuffisance respiratoire, complications cardiaques) chez des personnes âgées et des patients atteints d’autres maladies”.
Les symptômes du coronavirus apparaissent moins de 24 heures après l’infection. Le plus souvent cela entraîne des maladies respiratoires légères à modérées tel que le rhume avec des symptômes semblables à ceux de la grippe : maux de tête, toux, gorge irritée, fièvre. Ou encore, toute personne avec des signes cliniques d’infection respiratoire aiguë basse grave, pour lequel une autre étiologie a été initialement identifiée, présentant une détérioration inattendue de son état général et qui aurait voyagé à Wuhan dans les 14 jours précédant la date de début des signes cliniques.
Mesures de précaution
D’après les premières conclusions, la transmission d’homme à homme se ferait par voies respiratoires, par le contact des mains et par l’échange de salive. Ainsi, les mesures de précaution classiques sont recommandées pour éviter la contamination : se laver les mains régulièrement, utiliser des mouchoirs jetables, tousser dans son coude, éviter les personnes à risque ou encore porter un masque chirurgical.
Selon Jean-Claude Manuguerra, chercheur à l’Institut Pasteur interrogé par Le Parisien, ce virus serait moins contagieux que la grippe, car il se logerait plus fréquemment dans “les parties respiratoires profondes”.
Ne pas se rendre aux urgences, appeler le 15
Mais en cas de doute, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a recommandé aux voyageurs qui rentrent de Chine de se surveiller car les personnes présentant des signes cliniques d’infection respiratoire ont séjourné dans la ville de Wuhan dans les 14 derniers jours.
Vendredi 24 janvier, la ministre de la Santé a également invité les personnes qui ont des problèmes respiratoires ou de la fièvre de ne “pas aller aux urgences”, mais d’appeler “le centre 15 qui vient chercher le patient”. Pour l’heure, il n’existe pas de traitement spécifique au 2019-nCoV et le traitement est essentiellement symptomatique.
Des traitements à l’étude
Mais plusieurs pistes sont à l’étude. “Trois stratégies sont à un niveau avancé“, a expliqué le Professeur Yazdan Yazdanpanah, directeur de l’Institut d’immunologie, inflammation, infection et microbiologie (I3M) à l’Inserm et expert auprès de l’OMS, lors d’une conférence de presse à Paris. La première consiste à utiliser le Kaletra, un médicament anti-VIH relativement ancien du laboratoire américain AbbVie qui associe deux molécules antivirales (lopinavir et ritonavir).
La deuxième option est d’associer ce médicament à l’interféron (antiviral et immunothérapie), une combinaison utilisée sur le coronavirus Mers (syndrome respiratoire du Moyen-Orient) dans un essai clinique en cours. La troisième repose sur le remdesivir, un antiviral de l’américain Gilead testé dans le passé pour Ebola. On a très peu de données sur son efficacité. D’après un article de la revue Nature, l’efficacité “semble plus importante que le Kaletra”. “L’OMS va commencer assez rapidement un essai clinique randomisé international”, basé sur des tests comparatifs avec tirage au sort, pour évaluer l’efficacité de ces traitements, ajoute-t-il.
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