Les kalachnikovs, fusils de snipers, AK-47, AK-74, M-1, M-14, M-16, M-21, Beretta, gallil, mitraillettes, grenades, au contrôle de Tije, Gro-Je, Nenkankan, Gwovan, Ti-Lapli, ont échappé aux forces de maintien de l’ordre. Le climat politique est tendu. Révoltés, rebellés, enragés, les animaux politiques peuvent sortir toutes les cartes, en vue d’assurer leurs positions dans les bulles officielles. Ils s’en foutent même si des dizaines, des centaines ou des milliers de vies humaines soient crucifiées, pourvu qu’ils sauvegardent leurs intérêts mesquins. Du train que ça va, on ne peut et on ne doit alors mobiliser la population pour aller se jeter à la boucherie.
Chaque jour, des enfants, des jeunes et des adultes sont tombés sous des balles assassines. Les escadrons de la mort sont en missions démoniaques, pour faire couler du sang d’innocents. Ils annoncent déjà la couleur à Martissant, La Saline, Croix des Bouquets, Village du Diable, etc.
Maisons incendiées, têtes décapitées, yeux crevés, ventres détrippés, bras tranchés, pieds coupés, cuisses morcelées, des enfants violés, des jeunes garçons égorgés, des fillettes déchalborées, des vies massacrées, le contexte social demeure apocalyptique au pays.
Une présidence rancunière, indécente, incompétente ; une primature bicéphale ; des ministères sans ministres ; des ministères avec trop de ministres ; une pile de dirigeants a.i, sans responsabilités, sans agendas, sans compte à rendre, l’Etat est absent au pays. Définitivement, les caméléons politiques sont prêts à se métamorphoser pour créer la peur, des tensions, des hypotensions et des hypertensions pour faire des pactes diaboliques en contrepartie de l’option d’accomplir dans l’opacité les de s’enrichir déloyalement.
Pour sauver des vies, aucun sacrifice n’est trop grand.
Artistes, commanditaires, médias, secteurs privés, gouvernement, tifosi du carnaval, les brouillards de l’insécurité qui sévit aujourd’hui à la Capitale, augurent des horizons et des lendemains sombres et orageux. Esprit de discernement, sens de l’intérêt collectif et respect de la vie nous obligent à prendre des reculs, analyser les situations et éviter de nous jeter, tête baissée, dans une aventure périlleuse.
La ville fait peur ; les dirigeants nous effraient. Des policiers passent avec facilité de la vie à trépas, dans les rues, dans les voitures, sur des motos, en uniforme, en civil. Face aux fusils lourds des criminels, la Police Nationale, pourvue d’armes de poing et limitée en munitions, est impuissante. Le principal point fort de la force de l’ordre réside dans son habilité et son intelligence à s’évertuer pour établir un climat de paix fragile dans la Cité. La gestion de la foule est un défi de taille ; pas facile d’éviter des dommages collatéraux gigantesques aux éventuels assauts des bandits.
Compatriotes, la Police Nationale, ces dirigeants insensibles ne vous le diront pas, ne pourra rien garantir. Franchir Martissant pour se rendre en Ville se vit comme une traversée du désert. Réussir le trajet sur Bicentenaire, en défiant les « VAR 1, VAR2, VAR 3» se vit comme un miracle. Les zones de non-droit pullulent ; des routes nationales, coûtant des millions de dollars à l’Etat Haïtien, financées par les taxes versées par la population, sont prises en otage. Quand est-ce que l’on va cesser ces plaisanteries de mauvais goût, dans cette République de référence qui a montré depuis un bicentenaire la voie de la liberté, la paix et la fraternité à des nations de la région.
Blackout, discordes, divergences, dilatoires, diffamations, menaces, plaintes, accusations, pèlerinages médiatiques, campagnes d’intoxications, toutes les conditions sont réunies pour sacrifier des vies innocentes à l’autel d’un carnaval qui vise à décoller, déloger et détacher des têtes, des pieds, des cuisses, des cœurs et des poumons aux corps sans vies et aux têtes sans matières grises qui ne puissent faire des prévisions pour éviter des situations chaotiques.
Peut-on se conforter dans des « gouyads » au Champs de Mars, pendant que nos frères, nos sœurs, nos enfants, nos parents continuent de baigner dans leur sang, dans les rues, dans leurs quartiers, dans les hôpitaux, dans leurs écoles ?
Quelle est cette pilule magique qui a définitivement rendu mes compatriotes si insensibles, insouciants, impassibles, insensés, aliénés, détraqués et maniaques face au cadeau divin. Auriez-vous bu le prozium du fameux film « Equilibrium » qui vous permette d’étouffer vos passions, votre amour et vos émotions positives les uns envers les autres ?
Les bandits ont défié l’autorité de ce régime myope
Ces chefs sans autorité, ces imposteurs et usurpateurs qui mènent la barque, ont avoué à maintes reprises qu’ils ne contrôlent guerre la situation. En semant des armes et munitions dans les bidonvilles et les quartiers populaires, pour protéger leur pouvoir contre leurs adversaires, ils semblent avoir été pris dans leurs propres filets. Les bandits avec qui ils mangeaient, dormaient, menaient leur campagne et qu’ils accueillaient à la maison, au palais et dans les véhicules officiels, se sont rebellés contre ces chefs, tombés sur la tête.
Les disciples d’Arnel, de Tije, d’Odma et de Kilikou sont dans les rues ; les gangs exposent leurs armes et leurs munitions, dans une ombrageuse transparence. Les agents de la PNH obéissent à des ultimatums lancés par les vrais maîtres de la Cité, en péril. Hier, ils occupaient l’aire du Théâtre National ; aujourd’hui, ils élargissent leurs zones de confort ; ils avancent à pas de géant pour établir leur quartier général dans des espaces occupés par des hommes et des femmes de justice, à l’ancienne adresse de l’ambassade américaine. Ils convergent vers l’enceinte bicamérale, humiliant même des hommes en gilets, munis de boucliers, qui sont obligés de leur libérer le terrain piégé.
Cette saison pré-génocide, avec des épisodes truffés d’horreurs et d’actions barbares, laisse déjà prévoir la triste fin de ce film sanglant.
Le soir, la nuit, dans un contexte nocturne si noir, c’est la belle période pour Lucifer de voir des naïfs se présenter sur son chemin pour s’invectiver, se saouler, se suicider et se vendre au diable.
Sans aucune décision célère dans le sens de stopper ces gouyads insensés, le pays risque de plonger dans des obsèques et des deuils indénombrables.
Des foules immenses, des embouteillages, des chars, des sons à hauts décibels, blackout, mésinterprétations de fin de mandat parlementaire justifiée ou fomentée, conflits et hostilités surchauffés entre des officiels, des lézards, des « agranman », des lions, des loups, tous des capitaines et propriétaires de gangs, les enjeux politiques sont de taille et alors le jeu s’annonce vicié, tendu et macabre.
Ne permettez plus que la santé, la paix, le bien-être et la vie soient banalisés à ce point. Please, stoppez cette course à la boucherie ! Cessez les festivités carnavalesques !
Carly Dollin
carlydollin@gmail.com
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